Pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours ?
J’ai fait des études d’architecture mais j'ai préféré commencer ma carrière en entreprise du bâtiment avant d'exercer mon métier d'architecte. J’avais envie de comprendre les entreprises de l’intérieur. Résultat, je suis entrée chez Vinci, comme conductrice de travaux en réhabilitation sociale. Ça a été une révélation pour moi ! Trois ans plus tard, je me lance dans l'aventure entrepreneuriale en créant mon agence d'architecture, j'ai alors 30 ans. Peu de personnes y croyaient : j’étais une femme, seule, jeune, issue de l’immigration, à une époque où les profils étaient plutôt masculins, blancs... et d’un certain âge !
Pendant plusieurs années, je me suis occupée de nombreux chantiers, d’abord en sous-traitance puis en étant de plus en plus autonome. Je travaillais sur des projets de réhabilitation de bâtiments dans des quartiers sensibles. En parallèle, ma sœur m’a convaincue de monter une association, pour donner à d’autres jeunes femmes l’accompagnement et la force que nous avions reçus de nos parents. C’est ainsi que Rêv'Elles est née en 2013. La structure soutient et accompagne des jeunes femmes de 14 à 20 ans des quartiers populaires au sein d’une communauté engagée et bienveillante de tutrices issues des plus grandes entreprises françaises. L'égalité des chances passe par l'égalité des rêves, aussi Rev'Elles provoque l'étincelle pour que ces jeunes femmes se révèlent leur potentiel et apprennent à rêver grand. Notre association a grossi en même temps que mon entreprise... et maintenant le budget de l’association est plus élevé que le CA de Z.A.Consulting !
Comment vous êtes-vous intéressée à l’Assistance à Maîtrise d’Usage en tant qu’architecte ?
Ça s’est fait par des rencontres. J’ai toujours eu la sensibilité et la conviction qu’il fallait associer les habitant.e.s, mais personnellement, je n’ai pas la compétence pour le faire. En tant qu’architecte, évidemment, nous partons toujours des besoins des clients, mais l’idée était de demander à ceux à qui on ne pose jamais la question aux "oubliés de la concertation". La maîtrise d’usage est pour nous aussi importante que la maîtrise d'œuvre ou la maîtrise d'ouvrage. Le véritable expert, d'un bâtiment c’est celui qui le vit au quotidien, c’est l’habitant ! Fin 2020, j’ai répondu à un appel à manifestation d’intérêt et j’ai été formée par la Copro des possibles et son créateur, Denis Vannier. Cette formation m'a appris à mettre en pratique ma conviction profonde que plus on implique les usagers, plus ils s'approprient le projet. On crée ainsi un cercle vertueux qui permet notamment de faciliter les interventions en milieu occupé mais également de limiter les problématiques de mésusages et les budgets d’entretien par exemple.
Nous avons travaillé ensemble à plusieurs reprises, qu’avez-vous pensé de l’approche de Kunagi en tant qu’Assistant à Maitrise d’Usage ?
J’ai toujours eu cette sensibilité d’aller à la rencontre des habitants et de leurs besoins, mais je ne savais pas comment faire. Faire appel à Kunagi m’a apporté cette sérénité : je savais que les personnes, leurs besoins et leurs usages seraient entendus et pris en compte. On sortait des problématiques de chiffres : c’est de l’humain dont on parle ! Travailler sur les usages, c’est aussi sortir du quotidien, prendre de la hauteur par rapport à notre travail. Sur chacune des missions, Kunagi a su formaliser et structurer les demandes des usagers, pour faire remonter les besoins prioritaires et orienter la maîtrise d’ouvrage. Kunagi a à cœur de faire AVEC les locataires, et pas seulement POUR eux. On est dans une démarche ascendante et cela change tout.
Interview réalisée par Estelle Gallic pour Kunagi